Futur du SEO : Quelle place pour les filtres de recherche ?
Dernière date de mise à jour le : 7 mars 2024 à 05:24 pm
Est-ce que vous vous êtes déjà posé la question de savoir pourquoi Google nous montre tel ou tel résultat quand on y fait une recherche ?
Et surtout : pourquoi n’avons-nous pas plus de contrôle sur les résultats qu’on nous propose ?
Vous avez sans doute déjà vécu cette situation, où vous recherchez quelque chose de précis, mais vous ne le trouvez pas. La seule option que vous avez alors en face de vous, c’est de taper différents mots-clés et différentes requêtes pour essayer d’obtenir des résultats différents.
Dans cet article, on va explorer une solution à ce problème en parlant du futur du SEO et de l’importance des filtres de recherche.
Filtres de recherche : de quoi parle-t-on exactement ?
Pour le dire simplement, les filtres de recherche permettent d’avoir plus de contrôle sur les résultats qu’on nous propose. Prenons un exemple concret.
Admettons que l’on veuille acheter une voiture d’occasion.
On se rend donc sur un site spécialisé, comme AutoScout24 par exemple.
Une fois sur le site, vous voyez que plusieurs filtres s’offrent à nous. Ceux-ci nous permettent d’obtenir des résultats qui correspondent vraiment à ce que nous recherchons, mais aussi de gagner du temps.
On peut directement voir les modèles qui nous intéressent, selon les critères qui comptent pour nous :
- Marque
- Kilométrage
- Modèle
- Neuf ou occasion
- Etc.
Ici, j’ai pris l’exemple d’AutoScout24, mais j’aurais aussi pu citer BackMarket. Cette plateforme permet d’acheter du matériel électronique reconditionné, et propose un système de filtres précis.
Par exemple, si vous voulez acheter un iPhone, voici tous les filtres auxquels vous avez accès pour trouver exactement ce que vous recherchez :
La question, c’est de savoir pourquoi on peut filtrer nos recherches sur ces plateformes, mais pas sur Google, Bing, Lilo, Ecosia, Qwant, etc…
Pour en parler, j’ai eu l’occasion de rencontrer Raphael Szmir, fondateur de l’association la raiponse.
Cet article résume notre discussion, et vous allez voir que l’implémentation de filtres sur les moteurs de recherche pourrait avoir un impact gigantesque.
La Raiponse : qu’est-ce que c’est ?
Les membres fondateurs de l’association de la raiponse, dont Raphael fait partie, se réunissent autour de trois causes communes :
- La durabilité
- La résilience
- Et la justice sociale
Leur objectif est de travailler en faveur de ces causes et de concentrer leurs efforts sur les moteurs de recherche.
Leur but est d’accélérer la vitesse de développement des initiatives positives, en leur permettant d’augmenter leur visibilité en ligne. Et cela passe souvent par un meilleur positionnement dans les moteurs de recherche.
Et c’est logique, si ces initiatives positives sont plus visibles, elles auront plus de chance de réussir et d’avoir de l’impact.
Pour accompagner ces initiatives, la raiponse a trois champs d’actions :
- Une boîte à outils, qui permet d’aider les acteurs du changement à développer leurs connaissances en référencement naturel.
- Une sorte d’agence, qui a pour objectif de mettre à disposition des compétences pour aider ces initiatives positives à accélérer leur vitesse de développement (ils avaient démarré historiquement en aidant d’autres associations sur le programme Google Ad Grants).
- Un lobby citoyen, qui a pour objectif de mettre plus de justice dans le référencement en faveur des initiatives positives et redéfinir ce qui apparaît en première page des résultats. L’idée étant de faire en sorte que les utilisateurs puissent notamment trouver des résultats plus alignés avec leurs valeurs et leurs causes.
Mais comment faire concrètement ? Pourquoi et comment apporter ces changements structurels aux moteurs de recherche ?
La raison d’être des filtres
Faisons une comparaison et voyons les moteurs de recherche comme les plus gros supermarchés du monde.
Quand vous entrez dans un rayon, la manière dont les articles sont placés aura une influence sur les décisions d’achat que vous ferez. Certaines positions sont plus avantageuses que d’autres pour maximiser la visibilité d’un produit, et donc le nombre de ventes qu’il va générer.
C’est exactement le même phénomène qui se passe sur une page de résultats sur Google. De manière générale, les quelques premiers résultats vont capter toute l’attention, le reste de la première page va récupérer les miettes, et la deuxième page n’est même pas consultée.
Dans cette situation, si comme la raiponse vous souhaitez mettre en avant des produits plus responsables et meilleurs pour la santé dans les rayons, vous avez deux possibilités :
- Travailler sur le positionnement de chaque article, un par un.
- Aller voir le gérant du magasin et lui proposer de modifier la façon dont les rayons sont organisés ainsi que le placement des produits.
Ça semble évident, mais la deuxième possibilité permettrait d’aller beaucoup plus vite et d’avoir bien plus d’impact. C’est exactement la même chose pour les moteurs de recherche.
Au lieu d’essayer d’améliorer le positionnement d’une initiative après l’autre, autant directement parler aux moteurs pour donner une meilleure chance de visibilité à l’ensemble des initiatives positives qui peuvent être lancées.
Ainsi, en apportant des changements structurels aux moteurs de recherche, grâce à l’implémentation de filtres, on peut avoir un impact beaucoup plus fort :
- Les initiatives sont mises en avant de manière globale,
- Les utilisateurs ont plus de contrôle et peuvent trouver des produits qui correspondent davantage à leurs causes et valeurs,
- L’empreinte environnementale et sociale des consommateurs serait réduite, en leur permettant de trouver plus facilement des produits et services plus responsables.
Quand on voit tous ces avantages, on peut se demander pourquoi aucun moteur de recherche n’a pas déjà mis en place une telle fonctionnalité.
Quelques avantages des filtres pour les moteurs de recherche
La question est d’autant plus légitime qu’ils pourraient en bénéficier de deux manières.
Une meilleure expérience utilisateur
Si on se met à la place de Google, Bing, Ecosia, ou encore Lilo, on se rend compte qu’ils ont un objectif principal : fournir une bonne expérience à leurs utilisateurs.
Le seul et unique but d’un moteur de recherche, c’est de proposer les résultats les plus cohérents possibles par rapport à ce que chaque utilisateur va rechercher.
Partant de ce constat, il semblerait tout à fait logique d’avoir des filtres, qui permettraient aux utilisateurs d’affiner les résultats qui leurs sont proposés.
Cela pourrait améliorer leur expérience, et serait donc complètement aligné avec l’objectif que les moteurs poursuivent.
Aujourd’hui, ces derniers partent du principe que le meilleur résultat sera celui qui a la meilleure expérience utilisateur et qui est le plus populaire.
Mais est-ce vraiment le cas ? Est-ce que les utilisateurs basent entièrement leurs choix sur l’UX et la popularité d’un site web ? Est-ce vraiment ce qui compte le plus à leurs yeux, aujourd’hui en 2022 ?
En réalité, on sait plusieurs choses :
- De plus en plus de personnes utilisent les moteurs de recherche, pour acheter des produits et des services.
- De plus en plus de personnes veulent réduire leur impact écologique et consommer de manière plus locale.
C’est donc le premier avantage dont les moteurs pourraient bénéficier en implémentant des filtres : améliorer l’expérience qu’ils proposent à leurs utilisateurs.
Mais ça ne s’arrête pas là.
Un avantage concurrentiel déterminant
Aujourd’hui, aucun moteur ne permet d’utiliser des filtres quand on fait une recherche dessus, alors que ça pourrait être un avantage concurrentiel.
Une telle fonctionnalité pourrait être un argument pour pousser les utilisateurs à recourir à ce moteur plutôt qu’un autre. Pour certains, c’est un enjeu réel. On pense notamment à Ecosia, Lilo ou Qwant.
Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’une question de temps avant que l’un ou l’autre moteur ne se lance dans cette aventure. De plus en plus de personnes vont se rendre compte des enjeux qui nous font face, et les moteurs n’auront probablement pas le choix.
La réelle interrogation, c’est de savoir lequel d’entre eux fera la transition en premier, et prendra donc l’avantage par rapport aux autres.
Quel type de filtres pourrait-on créer ?
Les possibilités sont légions. On peut imaginer et mettre en place plein de filtres différents pour aider les utilisateurs à trouver les résultats qu’ils veulent.
Cela dit, le plus important est de commencer par les besoins et les demandes des gens.
Aujourd’hui, face à une décision d’achat, 70% des français préféreraient consommer auprès d’une entreprise française.
Pourquoi ne pas commencer par implémenter un filtre qui permette de classer les résultats selon la localisation des sites web et des entreprises qui se trouvent derrière ?
Comment ça marche concrètement ?
Maintenant, quel serait le fonctionnement technique ? C’est bien de venir avec des propositions, mais est-ce faisable techniquement ?
Ça l’est, et plusieurs étapes sont nécessaires.
Voici le déroulé, étape par étape, qui permet à un filtre de localisation géographique de fonctionner :
- Étape 1 : On entre une requête sur le moteur de recherche. Par exemple, on veut acheter un livre, sans passer par Amazon, mais plutôt par un site français.
- Étape 2 : On obtient une liste de résultats.
- Étape 3 : On récupère ces résultats et les URL qui vont avec grâce à SerpApi.
- Étape 4 : On connecte ces URL avec le registrar (société privée qui se charge des démarches administratives et techniques d’enregistrement d’un nom de domaine auprès des registres concernés).
- Étape 5 : On fait ensuite un matching de ces données avec une autre api (par exemple Pappers), qui regroupe des informations du tribunal du greffe de commerce.
- Étape 6 : Sur base de ces informations, on peut faire le matching qui correspond au critère de recherche utilisé par la personne.
- Étape 7 : On fait ressortir uniquement les résultats qui correspondent à ce critère.
Il y a donc du travail technique, mais c’est faisable. Là où il y a une difficulté, c’est que pour chaque filtre, on a besoin d’informations différentes. Par conséquent, l’implémentation technique va être différente à chaque fois, ce qui induit une certaine complexité.
Sans compter que l’expérience utilisateur et la vitesse de chargement ne doivent pas être impactées négativement par tout ce travail qui se passe en coulisses.
Mais quand on voit les avantages et l’impact positif que les filtres pourraient apporter, le jeu en vaut clairement la chandelle.
Et maintenant ?
Quelles sont les prochaines étapes et qu’est-ce que la raiponse va entreprendre pour que ces fameux filtres de recherche puissent voir le jour ?
Dans l’immédiat, la priorité est d’aller parler avec les moteurs pour leur proposer quelque chose qui fait sens et qu’ils comprennent que c’est dans leur intérêt de se pencher sur la question.
De plus, si ce sujet vous intéresse, sachez qu’il est tout à fait possible de rejoindre l’association. Si vous êtes entrepreneur et/ou que vous avez un profil technique avec des compétences qui peuvent accélérer l’implémentation de tels filtres, n’hésitez surtout pas à contacter la raiponse.
Toute aide et toutes ressources sont les bienvenues pour que ce projet puisse avancer le plus rapidement possible et ainsi permettre aux moteurs de recherche d’également prendre leur place dans les transitions sociales et écologiques en cours.